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Le meilleur jour de tous
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Le tournoi de karaté annuel de Maison de la Gare, bien plus que l'événement extraordinaire auquel nous assistons
« La nuit était lourdement tombée sur Saint-Louis, les lampadaires jetant des cercles pâles
sur le béton irrégulier.
Je retournais péniblement à mon daara, les jambes endolories par la
longue journée, ma sébile en plastique à mes côtés. Mes journées se terminent lorsque ma sébile
est suffisamment remplie pour éviter les coups, ou lorsque l'épuisement rend impossible l'idée
de faire un pas de plus. Ce soir, j'étais épuisé.
Mon daara se profilait devant moi, un bâtiment en ruine où nous, les garçons, dormons épaule
contre épaule. Je me suis glissé par l'entrée et j'ai trouvé ma place parmi les autres. Je
m'allongeai sur la pierre froide, repliant mes bras sur ma poitrine pour conserver la chaleur.
Autour de moi, les autres talibés chuchotaient ou s'agitaient dans leur sommeil. Demain,
c'est le tournoi.
Le karaté. Le simple fait de prononcer ce mot me donne des frissons. J'ai l'impression d'être
plus qu'un simple talibé. Le karaté, c'est l'occasion de bouger avec un but, de sentir la
force de mon corps, d'oublier le daara et les rues pour un moment.
J'imagine déjà la cour de
Maison de la Gare, avec ses tapis propres et mon kimono blanc. J'aime la discipline
et la précision.
Demain, j'aurai l'occasion de montrer ce que j'ai appris. Même si je ne gagne pas, je serai
fier d'avoir participé au tournoi. Certains des autres garçons se moquent de moi, disant que
le karaté ne remplira pas mon bol et ne m'apportera pas de faveurs. Mais ils ne voient pas
ce que je vois : un moyen d'échapper au sentiment de petitesse et d'impuissance. Lorsque je
m'entraîne, je me sens grand. Je me sens fort.
Je ferme les yeux et je m'imagine dans mon gi, mon uniforme, ma ceinture blanche nouée autour
de ma taille. J'imagine le bruit de la foule, le claquement des mains sur les tapis, la voix
aiguë de l'arbitre qui donne ses ordres. La pierre sous moi est dure,
l’air de la nuit mord
à travers mes vêtements minces, mais je serre mes rêves contre moi, les laissant me
réchauffer. Demain, j'aurai la chance d'être un champion ».
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Maison de la Gare a récemment organisé sa septième compétition annuelle de karaté. Les
tapis ont été disposés et débarrassés du sable. Les arbitres étaient prêts et les
spectateurs se sont rassemblés. La table des prix contenait des pulls et des t-shirts
d'arts martiaux, ainsi que des trophées. Les coupes de championnat, sur lesquelles sont
inscrits les noms des anciens champions, ont inspiré les compétiteurs.
À 9 heures du matin, les compétiteurs sont arrivés, nombre d'entre eux ayant quitté leurs
daaras vêtus de leur gi. Ils n'ont pas de réveil, mais ils sont prêts. Avant le début
du tournoi, certains ont touché la coupe de championnat, jurant que leur nom serait
le prochain.
Le tournoi de karaté est un moment unique pour les talibés. Il leur permet de montrer
leurs compétences, leur courage et leur puissance. Les ceintures blanches ont ouvert la
compétition, suivies par les groupes intermédiaires et avancés qui ont exécuté des katas.
Après de nombreuses éliminations, les trois premiers de chaque catégorie se sont hissés
à la finale.
L'après-midi, après une pause pour un repas spécial, les combats ont commencé et la foule
de spectateurs s'est agrandie. L'intensité des affrontements était palpable.
Les compétiteurs ont fait de leur mieux et, après chaque match, les adversaires se sont
salués avec respect avant d'encourager ceux qui avançaient dans la compétition. Les
finales des katas, disputées pour l'or et l'argent, ont marqué la conclusion de la
compétition. Des prix ont été remis et les nouveaux champions ont été couronnés.
Cette année, une nouvelle tradition a été introduite. Les champions de l'année
précédente ont eu l'honneur de remettre les trophées à leurs successeurs. Un geste
symbolique, preuve que les rêves méritent d'être poursuivis, que tout est possible
et que l'avenir appartient à ceux qui osent y croire et s'y investir.