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Volontariat avec Maison de la Gare



















Réflexions de Sam Whaley, volontaire avec Maison de la Gare


« Et me voilà rendu, ici, à Saint-Louis du Sénégal, et ce fut déjà toute une aventure!!

J'ai pris l'avion à Dakar il y a quelques semaines et, dès le début, j'ai été impressionné par l'organisation et les moyens que Maison de la Gare offre à ses volontaires pour se rendre à Saint-Louis. Juste à l'extérieur de l'aéroport, j'ai facilement repéré un homme qui tenait une pancarte portant mon nom et qui m'a aimablement emmené à l'hôtel où j'ai passé la nuit. Les frais d’hôtel, du petit déjeuner et du taxi qui m'a emmené à Saint-Louis le lendemain matin ont tous été payés à l’avance par Maison de la Gare; je ne me suis jamais senti en état d’insécurité en faisant quoi que ce soit ou en me déplaçant en n’importe quel endroit. Dans un environnement où je me suis rapidement trouvé hors de ma zone de confort, cette organisation a été grandement bienvenue.

Le trajet de Dakar à la ville de Saint-Louis a duré environ quatre heures, et j'ai passé tout ce temps à regarder par la fenêtre pendant que nous roulions à travers de petits villages où il y avait pleins de vendeurs de mangues et des mosquées magnifiques qui se distinguaient parmi les bâtiments modestes, et qui se dressaient au-dessus du désert qui semblait s'étirer à l'infini.

Arrivé à Saint-Louis, je suis allé directement à la rencontre de ma famille d'accueil et, comme pour tous ceux qui ont déjà séjourné dans une famille d'accueil, c’est à la fois la partie du séjour la plus angoissante et la plus excitante. Je me suis vite rendu compte que je n'avais aucune raison d'être nerveux dans cette famille de six personnes (je pense, car il semble toujours y avoir des gens d’ailleurs) qui m'a accueilli comme un des leurs, préparant des aliments délicieusement épicés et parlant lentement afin que je puisse comprendre, étant donné leur accent qui diffère considérablement de l’accent français d’Europe avec lequel j'étais familier.

Chaque après-midi, je rentre à la maison et mes « sœurs » m'apportent mon déjeuner, ce qui est un geste assez remarquable étant donné que le jour de mon arrivée coïncidait avec le premier jour du Ramadan. Cela signifie que moi, en tant que non-musulman, je suis le seul de la famille qui mange ou boit entre le lever et le coucher du soleil. En me référant à ce qu'on m'a dit, ce mois de jeûne modifie l’ambiance de Saint-Louis de manière significative, car beaucoup de personnes restent au repos pendant les après-midi torrides, de façon à conserver l'énergie qui leur manque dû au jeune et au fait qu’ils n’ont pas un bon repos durant la nuit.

Pour le souper, aux environs de 21h00, toute la famille se réunit autour d'un grand plat commun pour partager un mets qui est généralement composé de riz et de poisson. C'est un moment privilégié pour la famille de se réunir et pour moi, d'apprendre un peu plus sur eux et sur la culture sénégalaise en général.

Et maintenant, la raison pour laquelle je suis ici, Maison de la Gare.

Je commence mes journées à 10 heures, du lundi à vendredi, en me rendant au centre à pied, qui se trouve à une distance d’une quinzaine minutes, sous un soleil brillant. Je prends une pause pendant la partie la plus chaude de la journée pour déjeuner à la maison et je retourne au centre vers 16h30 pour y rester jusqu'au coucher du soleil, vers 19h30.

Même si je me suis enregistré pour être enseignant, je fais une grande variété d'activités avec les enfants talibés. Pour ceux d'entre vous qui ne connaissent pas la situation, les talibés sont un groupe de garçons qui fréquentent l’école coranique sous la direction d'un marabout. Ils vivent ensemble dans de très mauvaises conditions et sont souvent maltraités, privés d’instruction dans d’autres domaines, et obligés de passer une partie importante de leur temps à mendier de l'argent pour leur marabout.

Le centre de Maison de la Gare est un endroit où les garçons ont accès à l’instruction, aux soins de santé de base et peuvent recevoir, en plus, ce qu'il leur manque dans la vie. Le centre est composé du bureau administratif, de la bibliothèque où les enfants peuvent améliorer leur connaissance du français et enrichir leur vocabulaire, d'une petite cuisine où leur repas du soir est préparé, de l'infirmerie où ils peuvent obtenir des soins de santé, de douches, de salles de classe, et d'une grande aire extérieure ouverte avec un jardin, où les enfants jouent au football et passent la majeure partie de la journée.

Je passe la plupart de mes matinées à donner des cours d’anglais aux garçons les plus âgés, soit à un seul, parfois à deux à la fois. J'enseigne ces leçons dans un mélange de français et d'anglais, en aidant certains talibés avec le vocabulaire de base et l'alphabet et d'autres avec la structure de la grammaire et les temps et conjugaisons les plus difficiles. Dans la soirée, j'enseigne le français aux plus jeunes. Cela devrait normalement avoir lieu sous la supervision des professeurs sénégalais du centre, mais comme le mois du Ramadan est un mois de vacances, je suis le seul professeur pendant mon séjour.

J'ai acquis un peu d'expérience par le passé en enseignement des langues étrangères, mais sans un langage commun auquel tous peuvent se référer quand les choses deviennent trop compliquées, la tâche est difficile. Cependant, malgré cette difficulté, je réalise que j’ai accompli quelque chose de valable - au moins, ils peuvent s’adresser à une autre personne en se présentant en français!

Quand je n'enseigne pas, je joue aux cartes ou aux dames avec les petits enfants avec qui je communique au moyen de gestes et d’expressions simples. Mais même avec cette communication limitée, je peux voir comment ils sont reconnaissants d'avoir un endroit pour tout simplement être et agir comme des enfants, de ne pas s'inquiéter pour obtenir leur nourriture en mendiant ni les autres soucis auxquels ces enfants ne devraient jamais avoir à penser.

Quand je suis arrivé, il y avait une volontaire de la Suède au centre qui était en charge de l'infirmerie, mais elle est récemment retournée chez elle, me laissant avec cette responsabilité supplémentaire. Au besoin, je nettoie et désinfecte les coupures et les éraflures des enfants, mais avec les fournitures et les médicaments limités que j’ai, je déplore ne pas pouvoir faire plus. Je persiste à me convaincre que le peu que je leur donne est tout de même mieux que le rien qu'ils auraient autrement.

Le directeur de Maison de la Gare, Issa, est un homme incroyablement travailleur qui a eu une influence énorme sur la vie de ces enfants. Sous sa direction et celle des autres membres du personnel, Maison de la Gare est devenue un refuge pour ces enfants et continue de devenir encore plus incroyable. Avec l'aide de l'organisation GO Campaign aux États-Unis, le centre ouvrira bientôt un nouveau bâtiment qui servira de refuge d'urgence pour les enfants en situation de crise et qui abritera une nouvelle cuisine. De nouveaux volontaires arrivent et d’autres partent et partagent leurs idées sur la façon de continuer à faire du centre le meilleur endroit possible pour tout le monde. Bien que je sois ici depuis peu de temps, j'ai déjà vu combien Saint-Louis et Maison de la Gare sont des endroits merveilleux.

Le temps que j’ai passé ici est différent de tout ce que je n’ai jamais vécu, et j’ai été en mesure d’apprécier les différences culturelles et de voir la beauté de ces gens qui sont tellement contents de recevoir ce qui est considéré comme si peu, comparé aux normes américaines.

Ce fut une expérience que je n'oublierai jamais, et je me réjouis déjà à la possibilité d’y retourner à nouveau. »


Merci à vous tous qui soutenez Maison de la Gare et les enfants talibés de façon si généreuse, rendant ainsi possible les expériences extraordinaires comme celles que Sam a vécues.