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Comment changer le monde en faisant ce que vous aimez
































L'expérience de Robbie Hughes à l'origine du programme de karaté de Maison de la Gare


« Le Championnat mondial de karaté (WKC) de cette année était entièrement consacré au karaté, mais avait une portée plus grande que seulement le karaté. Il s'agissait de choisir d'être positif face aux défis difficiles et de s'entraider pour que chacun se sente mieux. J'étais à Orlando, en Floride, en compétition avec l’Équipe Canada aux Mondiaux du WKC. Je suis détenteur d’une ceinture noire du deuxième degré, et c'était la quatrième fois que je participais aux Mondiaux pour mon pays. J'étais aussi là pour essayer de récolter de l'argent, et de faire connaître la situation des enfants de la rue talibés qui sont forcés à mendier à Saint-Louis, au Sénégal, et comment le karaté change leur vie en mieux.

Il y a quelques années, quand j'avais 13 ans, je me suis rendu en Afrique pour la première fois pour faire du volontariat à Maison de la Gare avec ma famille. Je voulais aider, avoir quelque chose à offrir aux enfants que je rencontrerais au Sénégal. Chez moi au Canada, je m'entraîne et j'aide à enseigner le karaté. Je me disais, quoi de mieux que de partager ce que j'aime et pour quoi je suis bon ? J'ai dû convaincre ma famille et Maison de la Gare que commencer à enseigner le karaté aux enfants talibés serait une bonne idée. Ils ont accepté d’essayer.

Alors je m’en suis occupé et j'ai rassemblé plus de 75 uniformes de karaté (gi's) provenant de familles et de dojos dans ma ville natale. Je les ai emballés et nous les avons emmenés au Sénégal. Une fois à Maison de la Gare, j'ai commencé à faire du karaté et les enfants étaient naturellement intéressés. À la fin de la première semaine, tous les gi’s que nous avions apportés étaient portés dans mes cours quotidiens débordants d’enfants qui voulaient apprendre le karaté. Imaginez-vous comment un enfant mendiant de la rue aux pieds nus peut être fier de porter un gi blanc propre et d'être le centre d'attention pendant qu’il apprend à prendre le contrôle de sa vie ! Le karaté fut un tel succès à Maison de la Gare que nous avons décidé d'embaucher un sensei local pour continuer à donner des cours après mon retour au Canada.

Je suis allé au Sénégal à trois reprises pour travailler avec les garçons de la Maison de la Gare, inscrire des enfants qui montrent du talent et du dévouement dans un programme avancé au dojo local, m'entraîner avec eux au dojo, et les encourager à tester pour les ceintures avancées. Je suis si fier du chemin qu'ils ont parcouru et du dévouement et de la passion dont beaucoup d'entre eux font preuve pour le sport que nous aimons tous. J'attends avec impatience mon prochain voyage au Sénégal pour voir mes amis de karaté et pour travailler avec eux encore.

Maintenant, aux championnats mondiaux, j'ai décidé de passer le mot au-delà de ma ville natale, pour faire savoir aux gens comment important est le karaté pour les enfants de Maison de la Gare. J'ai présenté une vidéo des enfants qui s'entraînaient en Afrique, dehors, sous le soleil, à des températures de 40 degrés (104 °F), sans jamais se plaindre. Dans les images que j'ai montrées, les enfants de karaté étaient heureux et déterminés, et semblaient se donner à fond pour ce sport. Nous tous qui participions aux Mondiaux donnons aussi au karaté tout ce que nous avons. Mais nous ne sommes jamais seuls à poursuivre nos rêves. Nos parents et nos senseis nous soutiennent constamment. Nos parents nous conduisent à des centaines de pratiques d'entraînement et à des dizaines de tournois chaque année. Ils nous réconfortent et nous persuadent de continuer quand nous avons mal et nous sentons que nous en avons eu assez. Ils font notre lessive puante et paient nos frais d’entraînement. Ils nous encouragent lors de nos cérémonies d’avancement, nous félicitent quand nous gagnons et nous consolent quand nous ne réussissons pas. Et nos entraîneurs nous aident à travailler fort et à puiser dans nos réserves pour trouver le meilleur de nous-mêmes. Ils partagent notre gloire et nous soutiennent dans nos souffrances et nos pertes.

Les enfants talibés de karaté n'ont rien de ce soutien. Ils se présentent aux cours de karaté après 6 à 10 heures de mendicité forcée, ayant eu très peu à manger. Aucun parent ou entraîneur ne les encourage à persévérer. Ils frottent et lavent leurs propres gi à la main et les suspendent pour les faire sécher. Ils ressentent la même douleur et les mêmes déceptions que mes coéquipiers et moi-même, mais ils n'ont qu'en eux-mêmes où chercher la motivation et la détermination. Quand ils atteignent des ceintures plus avancées ou gagnent aux tournois, leurs parents ne sont jamais présents pour les applaudir.

Et pourtant, ils sont aussi passionnés du karaté et aussi dévoués que je le suis moi-même. Nous pouvons apprendre beaucoup de ces enfants incroyables ; je l'ai sûrement fait. Les enfants de karaté de Maison de la Gare m'ont appris que, peu importe à quel point les défis de la vie deviennent difficiles, il est toujours possible de reprendre le contrôle et de choisir d'être heureux. Et, il y a toujours de la place pour faire ce que vous aimez.

Parfois, nous pouvons faire la différence pour des personnes qui font face à des défis hors de leur contrôle, et parfois nous pouvons nous battre pour un peu plus de contrôle dans nos propres vies. Et, quand les choses se passent hors de notre contrôle, notre façon de réagir nous appartient toujours - nous pouvons choisir d'être heureux. Nous pouvons faire ce que nous aimons. »