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Portrait d'espoir pour les enfants talibés vivant dans la rue

































Ndèye Diodio Calloga décrit quatre années de progrès dans la recherche et la réintégration en toute sécurité de garçons trouvés vivant dans la rue


La subvention de quatre ans de l’Union européenne a rendu possible une forte amélioration des conditions de vie des enfants mendiants de Saint-Louis par la voie de nos programmes éducatifs, de soins, d’art et d’activités sportives parmi autres. Notre dernier rapport a célébré ce progrès.

Une visite au centre de Maison de la Gare peut être inspirante par le fait de voir des enfants talibés jouer comme des enfants normaux, laver leurs vêtements, se brosser les dents et apprendre dans les salles de classe. Cependant, un élément de notre travail qui est toujours douloureux à accepter et difficile à comprendre est de trouver des garçons qui dorment dans la rue la nuit, seuls ou avec un ou deux autres. La subvention de l'Union européenne nous a permis d'étendre considérablement nos efforts pour trouver et prendre soin de ces garçons, avec une équipe de huit à dix personnes effectuant des maraudes de nuit dans les rues plusieurs fois par semaine.

Les résultats ont été plus qu’alarmants ! Au cours des quatre ans, 984 garçons ont été retirés de la rue dont 473 mineurs retournés à leurs daaras, 437 retournés en famille, 55 référés à d’autres structures plus adaptées telles que le Centre de premier accueil et 19 ont fugué de notre dortoir d’urgence.

Alors que près d'un quart de ces enfants avaient moins de 10 ans et une proportion similaire de plus de 13 ans, plus de la moitié avaient entre 10 et 13 ans. Cela peut sans doute s’expliquer par le fait que, à cet âge, les enfants peuvent adopter une attitude plus ou moins rebelle. Il s’agit aussi de la tranche d’âge durant laquelle ils commencent à affirmer leurs personnalités et leurs valeurs. Ils ont besoin d'être écoutés et compris et, si ce besoin n'est pas satisfait, cela conduit souvent les enfants talibés à s'enfuir de leurs daaras.

Un des défis inattendus en ce travail est la prise en charge d’enfants qui s’adonnent aux substances illicites. En effet, on s’est rendu compte de plus en plus de l’ampleur des risques qu’encourent les enfants de la rue, car ils sont le plus souvent exploités et utilisés par des trafiquants pour l’écoulement de leurs marchandises et cela les expose à l’utilisation. Maison de la Gare se voit ainsi de plus en plus référer des enfants en déviance par la police, le tribunal ou, assez fréquemment, par les familles. Ces enfants traversent souvent difficilement leur adolescence et, sans assistance ou encadrement, ils peuvent s’engager sur un chemin dangereux et se perdre à tout jamais.

Lorsque les enfants sont amenés dans notre dortoir d'urgence par l'équipe de maraude, ils sont enregistrés par le personnel de nuit et mis confortablement au lit. Le matin, nos travailleurs sociaux interrogent les enfants et ouvrent des dossiers pour eux. Les enfants ont toujours peur et il faut beaucoup de sagesse et de compassion pour obtenir leurs vraies histoires. Chaque cas est différent et implique souvent une enquête avec leurs marabouts et des contacts avec leurs familles. Nous travaillons avec le bureau local du Ministère de la Justice chargé des enfants de la rue (« AEMO ») et, le cas échéant, le tribunal pour enfants. Dans de nombreux cas, nous sommes autorisés à renvoyer l'enfant concerné dans son daara, ou dans sa famille qui se trouve généralement dans un coin éloigné du Sénégal ou parfois dans un pays voisin.

La problématique des enfants de la rue est telle que nous n'avons presque jamais fait une ronde de nuit sans trouver plusieurs enfants endormis dans des coins cachés. Récemment, cependant, l'équipe de maraude ne trouve parfois aucun enfant dans les endroits où ils dorment habituellement. Cela pourrait bien refléter une amélioration des conditions de vie des enfants dans leurs daaras.

Ndaraw Diop, notre chef de cette activité de prise en charge d’enfants vivant dans la rue, identifie cela avec l'impact sur des marabouts qui doivent à plusieurs reprises faire face à des enfants talibés retournés, souvent étant traduits devant le tribunal. Ndaraw cite une expression de la sagesse traditionnelle africaine : « La honte tue plus sûrement que le fer de lance ».


Avec la fin de la subvention de l'Union européenne en 2019, nous nous efforçons de soutenir cette activité critique. Nous sommes profondément reconnaissants de votre soutien, qui rend cela possible.